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Le mardi qui suivit la mise en ligne sur le site de l’Amap des Cassagnous du témoignage de la famille L., notre productrice de légumes,Michelle, me fit remarquer que le rôle de consommacteur décrit dans cette chronique familiale mettait surtout en avant la satisfaction des papilles des interviewés.
A la relecture, je dus admettre qu’elle avait raison et que les qualités gustatives, leur influence sur les habitudes alimentaires et la convivialité ne reflétaient que très partiellement la symbiose entre le producteur et les amapiens.
Aussi lorsque Thibaut nous proposa de nous retrouver par un beau dimanche ensoleillé pour un coup de main sur le site de Montolieu je décidai d’en être et de passer de l’autre coté du miroir.
C’est ainsi que je retrouvai Thibaut, Cécile, Anne Marie et Jérôme à 9 h sur le parking devant la halle.
Le temps d’organiser le co-voiturage et nous prenons la direction de l’Aude.
En chemin les discussions portent sur des sujets aussi variés que les pratiques douteuses de la profession bancaire à laquelle j’appartiens ( ou plutôt qui loue mes services ) , sur le goût modéré de Thibaut pour les tenues de camouflage des membres des sociétés de chasse et sur le Jazz des années 50 et 70.
Nous arrivons vers 10h 30.
Première constatation le site, un bout de vallon à la végétation méditerranéenne , est ma.gni.fi.que.
Nous rejoignons Michelle et Pierre Yves qui sont à pied d’oeuvre depuis déjà 2 heures.
Le temps d’un briefing pour nous permettre de distinguer les oignons jaunes des blancs dont les délais de conservation diffèrent et nous voici à genoux ou pliés en deux en rang...d’oignons.
Nous extirpons à la main de la terre sèche et en nous aidant de la fourche cette plante herbacée bisannuelle de la famille des Liliacées ( merci wikipedia).
Au bout d’une heure et demi l’apparition de spécimens rouges et le caractère subitement aléatoire dans l’alternance des rangs jaunes et blancs du à une plantation moins rigoureuse sans doute à l’issue d’une longue journée de travail, pose question et nous sollicitons l’expertise de Michelle avant de remplir les caisses.
Nous entassons ces caisses dans la fourgonnette et dans la benne du tracteur d’où elle seront déchargées quelques dizaines de mètres plus loin avant de ranger consciensement par couleurs les liliacés à même le sol pour sécher...!
Comme les muscles sont chauds , nous enchaînons avec la récolte des courges.
je m’échappe un instant avec Anne Marie et Michelle qui nous fait visiter sa nurserie.Et là c’est la révélation de la journée !
Vous savez tous que les filles voient le jour dans les roses et les garçons dans les choux mais saviez vous que les salades naissent dans les brownies ?
La chaîne se reconstitue pour entasser ces plantes de la famille des cucurbitacées ( remerciements répétés à wikipedia) de taille et de forme variés dont certains spécimens pèsent 6 ou 7 kg ,dans les véhicules.
Une courte pause, le temps pour Michelle de répondre aux sollicitations d’une équipe de La Dépêche du Midi (voir pièce jointe) et nous reprenons le chemin de la ferme en passant au bord de l’étang sans lequel ce miracle sans cesse renouvelé qui conduit ces légumes dans notre assiette serait impossible.
La chaîne partant de Jérôme pour aboutir à Pierre Yves et Thibaut se reconstitue afin de ranger les précieux cucurbitacées dans l’ombre de la cave.
Il est 13h30 et pendant que certains testent le hamac, Pierre Yves se saisit du tire bouchon pour nous permettre de goûter un muscat du Minervois qui accompagnera le cake salé d’Anne Marie.
Ensuite suivront une savoureuse tarte aux légumes , un pâté audois au foie gras arrosé d’un première grives de Tariquet auquel Michelle fera honneur , pour finir par un chèvre de Massat arrosé de rosé et une tarte aux pommes qui devrait faire prochainement l’objet d’un avenant dans le contrat qui lie l’Amap des Cassagnous à la famille CARRE, pour finir par une tarte aux figues accompagnée d’un verre de cidre.
Cette énumération explique sans doute en partie que la reprise du travail aux alentours de 15h30 fut plus difficile que prévue.
Pour ceux qui comme moi ne connaissait du melon que son coté hémisphérique rempli éventuellement de vin de Porto ou de Rivesaltes , il convient de préciser que l’irrigation se fait au moyen de petits tuyaux que recouvrent des bâches de plastique noir enterrées et au travers desquelles pousse une végétation foisonnante.
Notre activité de l’après midi consista à arracher ces bâches sans laisser sous terre de fragments non bio dégradables puis à enrouler ces interminables tuyaux autour de cagettes dont Pierre Yves nous expliqua afin d’en faciliter la manipulation qu’il fallait les considérer comme...rondes(le bon sens paysan).Ce qui après un repas frugal à l’eau claire et dans des conditions climatiques non caniculaires ne posent sans doute pas de problème...
Puis ce fut le tea time convivial et le moment pour Pierre Yves de rejoindre son troupeau de brebis.
Car si pour nous l’heure du départ avait sonné, la journée n’était pas terminée pour nos hôtes.
nous reprimes la route avec un arrêt sur les hauteurs pour embrasser du regard l’ensemble de la propriété.
sur le chemin du retour, la parole si leste à l’aller avait laissé place à une saine fatigue propice à la réflexion.
En mon fort intérieur,je me disais que cette journée qui serait pour nous synonyme de convivialité et de courbatures avait été pour Michelle et Pierre Yves une récréation et j’essayais de m’imaginer ces semaines sans week end réparateur,sans R.T.T dans des conditions climatiques moins clémentes.je revoyais Michelle qui tout en ramassant ses courges se préoccupaient de l’arrosage à remettre en fonction sans tarder,de ce portail à réparer, de ces 40 pieds de brocolis à récolter avant mardi au milieu de centaines d’autres pas encore à maturité et de beaucoup d’autres choses encore qu’elle avait en tête et que nous n’aurions pas à l’esprit devant notre assiette.
Merci à Michelle et Pierre Yves pour leur accueil et à bientôt.